Est-ce que le « Réseau Radio du Futur » sera prêt pour les JO de Paris ?

Le « Réseau radio du Futur » sera-t-il opérationnel comme prévu pour les Jeux olympiques de Paris, l’été prochain ? Initié en 2017, ce vaste programme vise à doter les forces de l’ordre et les services de secours d’un système de communication mobile unique, à très haut débit et hautement sécurisé. Actuellement, les policiers, les gendarmes, les pompiers ou les urgentistes du SAMU utilisent des réseaux radio, propres à chaque service comme Acropol pour la Police nationale ou Rubis pour la gendarmerie.

Chargée d’assurer leur interopérabilité, l’Infrastructure Nationale Partageable des Transmissions (INPT) a montré ses limites. Par ailleurs, les technologies utilisées, développées dans les années 1990, reposent sur la 2G, n’autorisant que des communications vocales et la transmission de faibles volumes de données. Ce qui incite parfois les agents sur le terrain à utiliser leurs propres smartphones pour transférer des images ou des vidéos, en dépit des risques évidents liés à la confidentialité des échanges.

Demain, le RRF permettra aux acteurs de la sécurité et du secours de communiquer instantanément les uns avec les autres en toute sécurité en 4G puis en 5G tout en bénéficiant de nouvelles fonctionnalités comme les appels vidéo, le partage de position en direct ou l’envoi d’électrocardiogrammes.

Un projet de plus de 700 millions d’euros

Doté d’un budget de plus de 700 millions d’euros du ministère de l’Intérieur, la construction de ce réseau unique a été confié à consortium copiloté par Airbus et Capgemini. Lors du coup d’envoi en septembre 2022, une période de 19 mois était envisagée pour tester la sécurité la robustesse technique de la solution et assurer l’accompagnement au changement.

Près de 400 000 utilisateurs devraient être équipés de terminaux « durcis », résistants à des conditions extrêmes d’utilisation. Les smartphones (Galaxy XCover Pro) et tablettes (Galaxy Tab Active) de Samsung ont été retenus.

Un parc de serveurs hors service

Le chantier a toutefois connu une sérieuse déconvenue en début d’année comme le révélait la Lettre A en avril. Des serveurs informatiques installés par Capgemini dans une salle mise à disposition par le ministère de l’Intérieur se sont révélés défectueux. La présence de poussière métallique dans le local, fraîchement rénové, est venu encrasser les systèmes de ventilation des équipements, les mettant hors service. Montant estimé des dégâts : trois millions d’euros.

Selon la lettre confidentielle, un bras de fer s’en est suivi entre la Place Beauvau et Capgemini. Le ministère a exigé le remplacement des machines défectueuses, réfutant toute responsabilité tandis que l’ESN invoquait de son côté un manque de vigilance de ce dernier, estimant que de « toutes les précautions nécessaires n’ont pas été prises pour préserver les nouveaux équipements ». Le retard accumulé par le RRF aurait été à l’époque évalué à plus de neuf mois.

Une réunion de cadrage s’est tenue le 26 avril place Beauvau où présents deux cadres de Capgemini et Guillaume Lambert, un ex-préfet nommé, deux jours plus tôt, directeur de l’Agence des communications opérationnelles de sécurité et de secours (Acmoss), l’établissement public chargé de concevoir, développer et livrer le RRF.

Pas de généralisation avant fin 2026

Depuis, le projet semble s’être remis sur les rails. Interrogé sur le
sujet au Sénat, Gérald Darmanin s’est dit confiant lors de la séance
publique 26 juillet. Selon le ministère de l’Intérieur et des outre-mer,
le déploiement du réseau unique débutera bien en 2024 mais dans
certains départements, sélectionnés au regard de la survenue
d’événements critiques comme les JO ou leur exposition à des risques
majeurs.

Les Alpes Maritimes fait partie de ces départements prioritaires. Lors de la tempête Alex, en octobre 2020, des communes des vallées de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée s’étaient retrouvées coupées du monde. Les réseaux traditionnels des services d’urgence s’étaient révélés au mieux obsolètes, au pire inopérants. Selon Nice Matin, la gendarmerie nationale des Alpes Maritimes teste le nouveau système de communication depuis le 1er août.

« L’objectif est de permettre une première ouverture des services de communication du RRF au deuxième trimestre 2024 », poursuit Gérald Darmanin dans sa réponse au sénateur. Tout en précisant que « ces services viendront au départ en complément des réseaux radio bas débit Rubis et INPT qui restent opérationnels et doivent encore garantir la résilience radio les prochaines années, en particulier pendant les évènements sportifs des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de 2024. » La généralisation du RRF à tous les départements est, elle, attendue seulement pour fin 2026.

Un réseau résilient aux aléas climatiques et aux attentats

Le Réseau radio du Futur n’est pas seulement attendu de pied ferme pour gérer des événements sportifs exceptionnels. Il s’agit de doter au quotidien les forces de l’ordre et les services de secours d’un réseau unique, prioritaire et hautement résilient lors d’attentats ou d’événements climatiques hors normes.

La question se pose aussi sur l’accès aux services d’urgence par les particuliers. Fin novembre, Cristel Heydemann, directrice générale d’Orange, tirait la sonnette d’alarme. Les coupures d’électricité en période hivernal pouvaient faire tomber les numéros d’urgence comme le 15, le 18, le 17 ou le 112.

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