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Prêt pour l’ère Post-Altman à OpenAI?

Dans un billet précédent, GreenSI constatait que l’actualité de l’IA était toujours très rythmée chaque semaine. Cette semaine n’aura pas manqué de respecter cette règle. Alors que Microsoft venait de finir sa conférence Ignite avec des annonces majeures sur Copilot, que Xavier Niel lançait Kyutai, un labo français de recherche pour contrer OpenAI, le board d’OpenAI écarte du poste de CEO, Sam Altman, figure emblématique qui a contribué à hisser la société au sommet de l’innovation en intelligence artificielle.

Pour ne rien vous cacher quand GreenSI a vu cette annonce dans sa veille, on a cru au canular. Mais l’information est bien réelle et OpenAI a publié assez rapidement un communiqué de presse pour nommer un CEO de transition, l’actuel CTO Mira Murati. On pourra aussi consulter cet l’article de ZDnet pour suivre cet évènement. Ce billet se concentrant sur l’analyse de l’impact de ce évènement.

GreenSI n’a aucun doute sur la capacité de rebond de Sam, dont le téléphone ne doit pas arrêter de sonner ce week-end, mais cette “transition” comme en parle OpenAI, est loin d’être anodine et soulève une multitude de questions sur l’avenir d’OpenAI, mais aussi sur l’évolution du paysage des IA génératives.

OpenAI, connu pour ses avancées révolutionnaires que sont GPT et DALL-E, a joué ces 12 derniers mois un rôle central dans la démocratisation et l’innovation en IA. Même si au départ il y a eu pas mal de critiques sur ChatGPT, un an plus tard (après 2 mises à jour majeures) il sert toujours de benchmark. Sam Altman, à la tête de cette entreprise visionnaire, a été un moteur essentiel de ces développements.

Son départ soulève donc à minima des interrogations sur la direction future d’OpenAI. D’autant plus que le vote du board qui l’a écarté a certainement été préparé de longue date, ce qui révèle des turbulences dans sa gouvernance, jusqu’a l’implication des principaux actionnaires dont Microsoft. Les autres investisseurs d’OpenAI, Khosla Ventures, Sequoia et Thrive Capital, auraient exprimé leur étonnement face à la sortie soudaine d’Altman. La décision a été inattendue, même parmi les personnes les plus étroitement liées à l’entreprise. Qui est aux commandes ?

A noter que la structure de gouvernance d’OpenAI est particulière. Elle implique une filiale à but lucratif entièrement contrôlée par une organisation à but non lucratif, puisque rappelons qu’OpenAI a été créé pour promouvoir l’IA open source. L’organisation à but non lucratif a le pouvoir de déterminer quand l’entreprise a atteint son objectif d’intelligence artificielle générale (AGI) et peut influencer les conditions commerciales, y compris les relations avec les principaux investisseurs comme Microsoft.  De plus Altman n’avait pas de participation dans OpenAI et pouvait être licencié à tout moment. Il a certainement été le premier surpris, pour ne pas s’être protégé contre ce risque.

Selon le conseil d’administration d’OpenAI, des préoccupations concernant la transparence de ses communications ont été soulevées. Ces problèmes ont entravé la capacité du conseil à exercer pleinement ses responsabilités, menant à une perte de confiance en sa capacité à diriger l’entreprise. Il y a donc une (grosse) “casserole” dans un placard, mais on ne sait pas encore ce que c’est, et comment cela va impacter nos projets autour des technologies d’OpenAI. 

Même si on peut raisonnablement penser que sa capacité d’innovation n’est pas altérée par ce départ, on peut quand même s’intérogger sur sa capacité entrepreneuriale qui est souvent le maillon faible des équipes de R&D et de labos pourtant célèbre. Sam Altman, avant de devenir le visage d’OpenAI, a commencé son voyage dans le monde de la technologie en tant que co-fondateur de Loopt, une plateforme de géolocalisation sociale acquise par Green Dot Corporation. Son ascension remarquable l’a mené à la présidence de Y Combinator, un accélérateur de startups réputé, où il a façonné l’avenir de nombreuses entreprises en démarrage.

On pourrait donc penser qu’il a joué son rôle dans le lancement d’OpenAI et que maintenant c’est une autre compétence qu’il faut pour poursuivre la route, un peu comme Eric Schmidt arrivant en 2011 chez Google, après un parcours exceptionnel dans l’industrie, à la demande des deux fondateurs. Mais on peut aussi penser qu’OpenAI vient de perdre son moteur entrepreneurial. L’annonce du prochain CEO d’OpenAI sera donc à scruter de près pour voir si ce sera un capitaine de l’industrie, un juriste de renom pour gérer les multiples contentieux ouverts sur les droits d’auteurs, ou un acteur technologique pour maîtriser la croissance de la plateforme et sa sécurité.

A ce sujet, OpenAI a aussi bloqué cette semaine la création de nouveaux comptes payants pour faire face au succès de sa mise à jour, qui a également révélé des possibilités de sortir des données des nouveaux ChatGPT personnalisé… tout simplement en demandant gentillement !

Car chez OpenAI, Sam Altman n’était pas simplement un PDG, quand on lit les interviews de lui et de son équipe dans la presse, où il a fait de nombreuse fois la couverture, comme celle de Time cet été. Il était le visionnaire qui a poussé les limites de l’intelligence artificielle vers le grand public et les usages “horizontaux” des LLM, mais aussi concrétisé les questions éthiques et pratiques sur l’usage de ces technologies. La prise de conscience est montée jusqu’au bureau oval de la Maison Blanche qui engage des travaux sur la gouvernance de l’IA à l’échelle des Etats-Unis.

Il a donc clairement été un catalyseur dans la promotion de l’IA éthique et responsable, tout en faisant progresser l’état de l’art des LLM, faisant de sa vision celle d’OpenAI qui va maintenat devoir communiquer pour se repositionner sa vision, de façon séparée de celle de son fondateur. Apple a licensié Steve Jobs en 1985 et dû réaligner sa vision produit, pour descendre aux enfers… et rappeler son créateur pour incarner sa vision en 1997. L’histoire de Tech est remplie de soubresots, dont certains salvateurs.

Pour GreenSI, l’hypothèse de non alignement stratégique entre Sam Altman et le board, est proche de l’équilibre délicat entre les impératifs commerciaux et les engagements éthiques dans le monde de l’IA. OpenAI, en tant qu’entité à but non lucratif avec une filiale commerciale, se trouve à l’intersection de ces deux mondes. La gestion de cette dualité est complexe et la transparence en est un aspect crucial. Rappelons nous du premier départ d’OpenAI, un autre co-financeur, Elon Musk…

Au-delà d’une certaine incertitude sur OpenAI, pour ne pas dire une incertitude certaine, est encore tôt pour imaginer, voire constater l’impact de ce départ sur le nouveau paysage des IA génératives. Pour GreenSI, comme dans une bonne partie d’échecs, cela va dépendre du “prochain coup”. On pourrait par exemple fabuler sur la réaction d’Elon Musk avec X.ai, le prochain poste de Sam Altman, ou la réaction de Microsoft qui pourrait vouloir que Copilot devienne le prochain ChatGPT, quitte à tuer ChatGPT… ou pourquoi pas Eric Schmidt aussi fondateur avec Xavier Niel, appeler Sam en France ;-)

La capacité à retenir les employés d’OpenAI, dans un marché des compétences très tendu, va aussi être un facteur de redistribution des cartes dans l’industrie, comme on peut le constater régulièrement entre GAFAs qui cherchent chacun des “prises stratégiques” dans les responsables de produits. Un changement aussi important peut également avoir un impact sur le moral au sein d’OpenAI, car les écarts de gouvernance  dans les entreprises, sont rarement limités aux sièges feutrés du board.

Enfin, l’impact peut aussi freiner les investissements en forte croissance si une période d’incertitude s’installe.

Tous les acteurs seront donc enclins à créer rapidement “l’ère Post-Altman”, car si la confiance des investisseurs baisse, non seulement dans OpenAI, mais potentiellement dans l’ensemble du secteur de l’IA, ce ne sera bon pour personne.

https://www.zdnet.fr/blogs/green-si/pret-pour-l-ere-post-altman-a-openai-39962490.htm#xtor=123456 Prêt pour l’ère Post-Altman à OpenAI?

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